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Le deuil et le travail thérapeutique en psychanalyse jungienne

  • Agnès Durand
  • 23 avr.
  • 2 min de lecture

Le deuil est une expérience universelle, mais profondément intime. Qu’il s’agisse de la perte d’un être cher, d’une relation, d’un travail, d’un projet ou même d’une partie de soi, ce processus implique une transformation psychique majeure. En psychanalyse jungienne, le deuil n’est pas seulement un travail de détachement, mais aussi une occasion de renaissance symbolique, où l’inconscient nous guide vers une nouvelle forme d’équilibre.


On dit souvent : "j’ai perdu" un être cher, un travail, etc. Le travail thérapeutique s’opère alors pour rechercher la partie perdue et reconstruire un nouveau possible.



1. Le deuil comme processus alchimique


Pour Carl Gustav Jung, le deuil ressemble à une nigredo alchimique – cette phase obscure où tout semble se dissoudre. Les émotions contradictoires (tristesse, colère, culpabilité) submergent le conscient, mais cette désintégration est nécessaire pour se reconstruire. C’est l’œuvre au noir !


Le rôle des rêves : L’inconscient compense souvent la douleur consciente par des symboles de transformation (eaux vives, forêts, cycles lunaires). Un suivi thérapeutique permet de décrypter ces images et d’en faire des alliées.



2. Rencontrer ses ombres


Le deuil active l’ombre au sens de la psychanalyse jungienne – ces parts refoulées de nous-mêmes que la perte expose brutalement :

  • regrets inavoués ("J’aurais tant voulu te dire…") ;

  • sentiments ambivalents envers le défunt ou la situation perdue.


Le travail analytique consiste à intégrer ces ombres sans jugement, pour éviter qu’elles ne deviennent des blocages. N’oublions pas que le deuil est un processus lent. Le temps est un allié dans cette démarche.



3. Le deuil comme passage vers l’individuation


Jung voyait dans les crises l’opportunité d’accéder à plus de totalité psychique. Le deuil, lorsqu’il est accompagné, peut :

  • réactiver des archétypes : la Grande Mère (nutritrice/mortifère), le Vieux Sage (sens dans l’épreuve).

  • stimuler la créativité : écrire, peindre ou ritualiser la perte permet de relier conscient et inconscient.


Exercice pratique : Tenir un journal de deuil où noter rêves, pensées, émotions du moment, souvenirs et synchronicités (coïncidences signifiantes).



4. Quand le deuil se bloque : les complexes


Si la douleur reste figée des années, c’est souvent qu’un complexe (nœud émotionnel inconscient) empêche le mouvement. La psychanalyse jungienne utilise les symptômes comme fil conducteur pour accompagner toute démarche thérapeutique.



5. Acceptation


Nous avons le pouvoir d'accepter la mort, la nôtre, celle de nos proches, d'un amour, d'une amitié, d'un travail, d'une part de soi.


La psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a identifié cinq stades du deuil :

  • le déni ;

  • la révolte ;

  • le marchandage ;

  • la dépression ;

  • l'acceptation.


Ce n'est qu'une fois les quatre premiers stades franchis que l'acceptation devient possible. Mais les stades peuvent survenir dans le désordre.




Conclusion : "La nuit est aussi un soleil" (Jung)


Le deuil n’est pas un "dépassement", mais une incarnation nouvelle du sens. En psychanalyse jungienne, chaque larme est une goutte d’océan primordial – celui qui nous relie à l’inconscient collectif et à sa sagesse cyclique.


P.S. : Pour aller plus loin, je recommande la lecture de « La mort intime » de Marie Hennezel.

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